Réincarnation de l'âme

Ange ferma les yeux. Il était temps. Son enveloppe charnelle ne pouvait plus durer, il n'avait aucune résistance, ses muscles se disloquaient et sa chair commençait à se putréfier dans son bas-ventre...

Le ciel était gris, encombré de nuages qui menaçaient de lâcher toute leur garniture d'ici peu. L'air était humide et lourd, chargé d'électricité. La procession avançait lentement, psalmodiant nombres de prières à l'intention de Lloth. Tous étaient en noir, capuche relevée, ils ne formaient qu'Un.
Ils trainaient les pieds, redoutant le moment.
Un éclair blanc zébra le ciel. Une goutte. une deuxième. Une averse.
La procession funèbre continua sans s'écarter d'un iota du chemin, ils respectaient à la lettre ce qu'on leur avaient ordonné.

Enfin après plus de deux heures de marches à travers des terres dévastées, ils débouchèrent sur un immense bâtiment sombre, aux fenêtres closes par des planches de bois et à l'entrée complètement détruite dont les pierres s'étaient répandues en petits tas de gravats.
Il pleuvait toujours.
"Cela me lavera au moins des souillures de ce monde".
Ils entrèrent un par uns, veillant à ne pas faire bouger un mur sous peine de tous les ensevelir.
Quand ils furent tous entrés, un sort fut jeté pour sceller temporairement les portes du temple.
Alors que tous s'étaient arrêtés, Ange continua à marcher, il s'arrêta devant un autel qui se situait au milieu de la salle, des flaques de sang séché montrait l'amplitude de la violence des lieux.
Il monta alors et s'allongea sur le métal glacé de l'autel.
Et ferma les yeux.

" Abrahel, tu peux commencer? "

Nombre de messages : 24 clan : [Ame] Date d'inscription : 28/01/2009

La procession était finalement arrivée à son terme et les acolytes entouraient désormais l'autel sur lequel reposait Ange. L'air était chaud, épais, les prières murmurées des serviteurs emplissaient le temple maudit quand Abrahel apparut. Il était vêtu de son habituel pantalon de soie noir, mais les marques de son corps avaient pris une teinte ardente. Le démon avança, le regard braqué sur l'autel il commença à entonner d'une voix profonde une étrange mélopée, dans un dialecte infernal, ses yeux devinrent totalement noirs et l'atmosphère se chargea d'une force malveillante. Au moment même où le chant démoniaque commença les esclaves renversèrent la tête en arrière, les yeux révulsés et la bouche ouverte comme dans un hurlement silencieux, le sang commença à sortir de tous leurs orifices pour doucement se diriger vers le corps étendu de leur maître, formant au fur et à mesure une bulle entourant ce dernier.

Les corps sans vie des acolytes jonchaient le sol froid et dur de la chapelle maudite, pourtant les cadavres se relevèrent lentement pour se diriger et entrer dans le cocon sanglant dans un abominable bruit de chaire que l'on déchiquète. Une fois son sinistre repas achevé la bulle semblât se solidifier et l'on put distinguer à l'intérieur, les formes mouvantes d'un être nouveau. Le démon cessa sa mélopée et d'un rapide geste de la main un elfe se matérialisa à ses cotés, visiblement incapable de bouger et le regard terrorisé. Abrahel saisit la créature par le cou, l'approcha tout près de son visage et commença à lui murmurer quelque chose à l'oreille, l'elfe se mit soudain à se débattre et à hurler de terreur et de douleur mais la poigne de son bourreau restait ferme et celui ci continuait tranquillement à lui murmurer à l'oreille. Une lueur éthérée sortie de la victime, à cet instant le démon saisit de sa main libre l'âme du malheureux puis il lâcha le corps inanimé pour se diriger vers l'autel où il plaça l'âme. Soudain une main explosa la chrysalide pour attraper la lueur et revint aussitôt à l'intérieur. Abrahel mit un genou à terre pour saluer plein de déférence, le nouveau Ange.

Ange hurla et la chrysalide de sang se brisa comme un lustre qui éclate. Le hurlement provenait des tréfonds de l'enfer et tout se figea autour de lui dans un signe de profond respect, teinté de terreur morbide.
Il ouvrit les yeux, son acuité était encore plus fine que celle de son ancienne enveloppe charnelle, rien ne lui échappait. pas même le petit sourire d'Abrahel.

Il put se détailler alors à loisir dans la lumière blafarde de la lune qui se dissimulait derrière un misérable nuage.
Il était grand, plus musclé, plus large d'épaule, tout en gardant sa grâce naturelle. Ses longues mains fines étaient telles des araignées qui ne lâchaient rien une fois qu'elles l'avait attrapé. Son torse, plus pâle que ses bras, était dur comme l'acier. Son coeur à demi ensommeillé battait lentement. Ses longues jambes musclées donnaient l'impression que quelque soit l'ennemi qui soit en dessous se feraient écraser comme un misérable insecte ;
Ange aimait cette puissance indestructible...

Un miroir brisé était disposé à coté de ses pieds, il s'en saisit comme frappe la foudre et pu observer son reflet. Son visage était beau, encore plus que celui d'avant, mais aussi plus cruel, plus froid. Plus dur. Ses cheveux de neiges tombaient jusqu'au milieu du dos et étaient parfaitement lisses. Ses oreilles plus pointus et plus longues comme si elles pouvaient tout entendre ici-bas. Enfin il détailla ses propres yeux. Rouge tel le rubis. Des diamants de sang au milieu de son visage. Rouge comme le sang. Froids et durs comme le marbre. Ils se levèrent vers Abrahel.

Beau travail, tu as toutes mes félicitations!

Ange, de son nouveau nom Tyranosteph, dit Tyrano lui sourit en coin.

D'un bond, il sauta à travers la salle, et atteri à l'entrée de la chapelle. de là, il rejoignit l'auberge.

Fin Wink